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Critique de «Remugles» par Christine Le Garrec – Histoire(s) de lire n°49

Publié le 2 avril 2020

Histoire(s) de lire… N°49

Critique de Remugles, de Benjamin Desmares par Christine Le Garrec, Histoire(s) de lire n° 49

C’est à Poucié, une tranquille petite bourgade bretonne, que Nicolas Beaucel s’est exilé en acceptant un boulot de policier municipal pour fuir la ville et ses tracas. C’est un solitaire, Nicolas. Il faut dire qu’étant de petite taille, il doit plus souvent qu’à son tour subir les railleries des braves gens, ce qui ne l’incite guère à se frotter à ses congénères… Pas de petite amie, seulement des fantasmes comme celui qu’il tient bien au chaud pour une jolie mère de famille qu’il croise chaque matin lorsqu’il est en poste devant l’école pour faire traverser les enfants. Un ami néanmoins, un seul : Hervé, l’employé municipal en charge de la station d’épuration, avec qui il entretient une relation cordiale. Mais sous ses abords paisibles et sans histoires, Poucié cache de nombreux secrets… Celui de Victor, amoureux de Chloé, la sœur de Léo, son meilleur ami à qui il n’ose avouer ses sentiments par peur de le décevoir… Celui d’Antoine qui, en proie à des crises de somnambulisme, se retrouve chaque nuit dans des endroits incongrus sans se rappeler de rien, y compris le jour où il se réveille avec son tee-shirt imbibé de sang… Et qui a jeté un chien dans le bassin de la station d’épuration ? Et pourquoi Hervé semble t-il terrorisé depuis ce jour ? Lorsqu’on retrouve le jeune Léo mort assassiné, les secrets longuement enfouis vont peu à peu remonter à la surface : le passé avec son cortège de lâchetés assumées, de remords tardifs et de haines tenaces va resurgir brusquement en détruisant tout sur son passage… Amateurs de polars à la noirceur désespérante, ne passez pas à côté de ces « Remugles » aux relents nauséabonds qui, je vous le garantis, vont vous faire passer un excellent moment de lecture ! Il est bien connu que remuer la m…e risque de faire remonter à la surface des choses et des actes inavouables… Et bien, Benjamin Desmares a touillé ses mots de main de maître, d’une plume réaliste et sans illusions, pour nous concocter ce petit bijou de polar rural où tout est calibré à la perfection : le suspense est haletant et l’humour, déposé comme un nuage de lait, adoucit l’amertume de ce récit qui sonde l’âme humaine en profondeur et dans ce qu’elle a de moins glorieux… Alors, on prend sa respiration et on plonge en eaux troubles !!! Je profite de cette chronique pour vous conseiller vivement de lire du même auteur « Un truc à finir » (chroniqué ici !) que j’avais adoré, dans un registre différent !